La construction d’un lombricompost avec une classe

Des élèves d’une classe de 5-6P (CE2-CM1), en Suisse, nous relatent la construction et la mise en place d’un lombricompost (autre appellation du lombricomposteur) dans leur école. Le lombricompostage est en effet un support pédagogique très riche.
Cécile, l’enseignante de cette classe, a écrit cet article avec ses élèves pour partager avec vous leurs impressions.

L’histoire du projet

Nous sommes une classe de 5-6P (CE2-CM1) de Suisse. Notre école se trouve à Leysin, dans les Alpes Vaudoises. Leysin c’est un petit village à 1300 mètres d’altitude, où l’on peut skier en hiver et faire du vélo et des randonnées en été.

L’école est juste à côté de la forêt, d’ailleurs on y va régulièrement pour travailler et apprendre au grand air.

Un jour, nous avons observé les différentes couches du sol. Au sol, nous trouvons de la terre, des feuilles mortes, des aiguilles de sapin sèches et des branches. En dessous, nous voyons encore des feuilles qui commencent à se décomposer et déjà quelques racines. Certains groupes ont même pu observer des vers et des petits cloportes.

Une fois rentrés en classe, nous nous sommes demandés comment les feuilles se décomposent et se transforment en terre. Nous avons proposé plein de réponses : l’humidité, le fait de marcher sur les feuilles, les animaux, les vers, la neige. Puis, nous avons réfléchi aux autres déchets organiques. Certains élèves de la classe ont un compost à la maison. Mais comme nous habitons haut en altitude (1300 m), cela prend beaucoup de temps.

Enfin, nous avons alors parlé des différentes manières de composter nos déchets, de façon plus rapide et efficace, adaptées à notre configuration géographique. Nous avons parlé du Bokashi, mais aussi des vers.
Nous avons donc décidé de construire un lombricompost pour la classe afin d’observer l’action des vers sur les déchets organiques.

Lexique : 

  • Litière : c’est la base sur laquelle on déposera ensuite les vers et nos déchets.
  • Lombric : synonyme de vers de terre. Il y a différentes sortes de vers de terre, principalement des décomposeurs qui mangent les déchets et des laboureurs qui aèrent la terre. Nos vers sont des décomposeurs.
  • Lombricompost : c’est la matière que l’on obtient une fois que les vers ont digéré nos déchets. C’est aussi l’ensemble des caisses qui font la maison des vers.
  • Lombrithé : c’est le jus que les vers de terre fabriquent dans le lombricompost. On pourra utiliser ce liquide pour arroser le potager de l’école, ce sera de l’engrais.

La réalisation par les élèves

1ʳᵉ étape : Construire un lombricompost 

Fabriquer son lombricomposteur

Matériel :

  • 1 robinet,
  • 3 caisses,
  • 2 couvercles,
  • 5 vis,
  • 5 bouchons de liège,
  • du grillage fin type moustiquaire,
  • du silicone. 

Outils :

  • Perceuse,
  • scie sauteuse,
  • différentes mèches pour la perceuse,
  • pistolet à silicone.

Remarques : 

  • Il faut réfléchir à la taille de la caisse en fonction de la quantité de déchets produits. Nous avons pris des caisses de grande taille, car tous les élèves de la classe pourront amener leurs déchets. 
  • Robinet : il faut bien réfléchir à l’endroit où nous allons le placer. Nous l’avons positionné en bas sur le côté, ça marche plutôt bien, mais le bec est perpendiculaire à la verticale.
  • Taille des trous : s’ils sont trop gros, les déchets tomberont sans être complètement décomposés. Les vers risquent également de tomber dans le lombrithé.

Marche à suivre :

  1. Percer les trous dans le fond de la caisse et dans un couvercle.
    On perce les trous avec la perceuse pour que le lombrithé coule et que les vers puissent voyager d’un étage à l’autre.
  2. Couper les bords du couvercle pour qu’il rentre dans la caisse avec la scie sauteuse.
  3. Visser les bouchons de liège aux quatre coins du couvercle percé et un au milieu.
    Cela permet de créer un étage intermédiaire pour récolter le lombrithé.
  4. Percer un trou pour le robinet sur la caisse la plus basse.
    C’est grâce à ce robinet que nous récolterons le lombrithé. Cela nous permettra aussi de réguler l’humidité à l’intérieur.
  5. Mettre du silicone autour du robinet afin de bien l’étanchéifier.
  6. Mettre du grillage type moustiquaire sur les trous des poignées des caisses.
  7. On peut commencer à préparer la litière, puis à nourrir les vers.
  8. Une fois le premier étage plein, ajouter les caisses les unes sur les autres pour que les vers et le jus passent dans toutes les caisses.
tracage pour la construction du lombricompost dans la classe
découpe du couvercle du lombricompost par un élève de la classe
perçage du fond lombricompost par les élèves

2ᵉ étape : préparer la litière

Matériel :

  • journal,
  • épluchures,
  • cartons d’œufs non coloré,
  • coquilles d’œufs,
  • terreau,
  • rouleau de papier toilette

Dans le lombricompost, il faut recouvrir le fond de papier journal. Au moins 3 ou 4 feuilles de journal les unes sur les autres. On mélange ensuite des épluchures, de la terre et des cartons d’œufs en tout petits bouts. On arrose et on mélange le tout. Quand on prend une poignée et qu’on la serre, l’eau doit s’en échapper.

Maintenant le lombricompost est prêt à être habité !

3ᵉ étape : inviter des vers à habiter dans notre lombricompost de la classe

Pour que des vers viennent habiter dans notre lombricompost, nous sommes allés sur la carte du site plus2vers.com et nous avons envoyé des demandes.
Sur trois demandes envoyées, nous avons reçu deux réponses. Une dame nous a d’abord dit qu’elle n’avait plus de vers, mais ensuite nous avons reçu une réponse positive.
Nous sommes allés au-dessus de Martigny pour chercher nos vers. La dame nous a donné toute une couche de son lombricompost avec plein de vers !

Comment est-ce que nous nous occupons du lombricompost dans la classe ?

Nourrir les vers :

On leur donne à manger toutes nos épluchures de fruits et de légumes, mais aussi des cartons d’œufs et les coquilles d’œufs. On doit couper en petits morceaux les cartons, toutes les épluchures et les coquilles d’œufs.

Il ne faut surtout pas leur donner : de l’oignon, de l’ail, des échalotes et toutes les épluchures d’agrumes, ça pourrait les tuer. Lisez cet article si besoin.

lombricomposteur fabriqué par al classe

Les vérifications :

Il faut aussi vérifier régulièrement l’humidité dans le lombricompost : si c’est trop humide, les vers n’aiment pas et si c’est trop sec, ils n’aiment pas non plus.

Il ne faut pas laisser le couvercle ouvert sinon ils peuvent s’enfuir et surtout, ça sent le compost dans la classe. Attention : On n’a pas le droit d’écraser les vers de terre lorsque l’on referme le couvercle. Alors, quand ils grimpent le long des parois, on les pousse en bas pour qu’ils restent dans le compost.

Ils n’aiment pas la lumière.

Il faut vider le lombrithé, sinon le lombrithé va déborder et surtout ça commence à sentir mauvais.

Les observations :

À la surface, on voit très peu de vers, car ils sont plus bas dans les couches de terre ou de carton. On dirait que les vers de terre préfèrent le calme. Par contre, nous voyons les épluchures, qui parfois sont couvertes de moisissures.
On peut aussi voir des petites plantes qui germent.
Les vers font des cacas qui sont comme de la terre. Tous les matins, les vers sont sur les parois, au fur et à mesure de la journée, ils descendent et se cachent sous les déchets.

L’utilisation :

Les épluchures qui se décomposent font du jus et nous le récupérons. Cela s’appelle le lombrithé.
Chaque jour, nous récupérons ce jus dans un arrosoir ou dans un bocal. Après, nous mélangeons de l’eau avec le lombrithé. Attention, il faut mettre plus d’eau que de lombrithé, environ 5 cl de lombrithé pour 1 litre d’eau. Ensuite, on verse l’eau et le lombrithé mélangés dans les plantes.
De temps en temps, il y a des lombrics dans le jus : les lombrics vont dans l’arrosoir et ils risquent de se noyer. Les lombrics aiment l’humidité, mais visiblement, ils ne nagent pas très bien.

Quels problèmes avons-nous rencontrés avec le lombricompost ?

Les lombrics voulaient s’échapper du lombricompost. Certains se sont même noyés. Ils étaient collés au bord du bac et on a dû les décoller. Certains sont même sortis.
Notre solution a été de mettre plus de carton, car il nous semblait que le lombricompost était trop humide. Dans le même temps, il produisait énormément de lombrithé. Effectivement, quand nous avons rajouté du carton, les vers ont arrêté de s’échapper.
Par contre, nous constatons qu’ils montent toujours la nuit et descendent pendant la journée. Si nous ouvrons le couvercle à huit heures en arrivant, les vers sont tous sur les côtés de la boîte. À dix heures, ils sont descendus dans la litière. 

Le lombricompost s’est mis à puer : on a réussi à équilibrer la terre et le carton pour que ça pue moins qu’avant.
Au début, on a arrosé le lombricompost, car on avait peur que les vers manquent d’humidité. Lorsqu’on a arrêté d’arroser, beaucoup de problèmes se sont réglés !
Nous avions aussi oublié de vider le lombrithé car nous n’avions pas pensé que le lombricomposteur allait produire autant de jus. Quand le jus a été vidé régulièrement, l’odeur a presque complètement disparu. 

Conclusion

Nous sommes contents d’avoir un lombricompost en classe, les vers sont tout petits, mais ils consomment énormément de déchets. Nous leur apportons nos épluchures, et en échange ils nous fournissent du lombrithé que nous utilisons pour arroser le jardin des classes des petits que nous avons devant l’école. 

Plus tard, nous récupérerons le compost et nous pourrons à notre tour donner des vers !

Remerciements

Merci à Cécile et aux élèves de la classe de 5-6P, de nous avoir proposé cet article qui nous montre que le lombricompostage est aussi un support pédagogique à la portée de tous.

Je remercie également Clémentine qui a relu l’article dans des délais très courts, pour permettre sa publication avant les vacances des enfants. 

Vous aussi, vous pouvez nous aider dans la publication,ou nous soumettre votre idée d’article !

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3 Commentaires

  1. SINGER

    Bravo à tous les élèves et à leur enseignante! J’espère que vous trouverez des volontaires pour gérer votre lombricompost pendant les vacances, et continuer ce projet l’année prochaine.
    Aline SINGER

    Réponse
  2. Marie-Christine

    Bravo pour cette initiative de la classe de Leysin… quelle super idée 🙂

    Réponse
  3. MJ

    Bonjour de Marseille, et bravo pour votre article et votre initiative. J’ai un lombricomposteur depuis 3 ans, qui va très bien, j’ai déjà pu faire une bonne vingtaine de dons, et j’aime beaucoup mes petits vers. Vous ne précisez pas comment vous allez prendre soin des vôtres pendant les vacances scolaires… Une petite astuce: j’ai mis une petite grille de type moustiquaire sur l’entrée du robinet, car parfois, des vers aventureux s’introduisent dans l’orifice d’écoulement. Ils n’aiment pas l’eau, mais ils peuvent survivre une journée dans la bouteille de recueil du lombrithé. J’ai donc pris l’habitude de vider la bouteille chaque soir, et de récupérer les égarés pour les remettre avec leurs copains dans le compost.
    Je vous souhaite de bonnes vacances!
    Marie-Joëlle

    Réponse

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